[En lisant la presse hélvétique, on apprenait que le chantier du nouveau centre de police et de justice avait été la cible d’un incendie dans la nuit du 2 au 3 juillet 2017. Retour sur cette nuit de flammes libératrices dans le journal anarchiste zurichois Dissonanz Nr. 50].
Le chantier du centre de police et de justice inauguré
Il y a un mois, le 22 juin, une cérémonie officielle inaugurait le chantier du centre de police et de justice (PJZ) à Zurich. Par une cérémonie solennelle, d’après leur déclarations, six pontes du projet se sont retrouvés sur le chantier pour échanger sourires et poignées de main pendant qu’ils enterraient une capsule témoin contenant divers documents et objets liés au projet. Pendant que ces six trous du cul* « faisaient la fête » à l’intérieur du chantier, à l’extérieur il était possible d’avoir un avant-goût de ce que signifiera ce projet pour le quartier. Bien une douzaine de fourgons de police occupaient divers points stratégiques du secteur, probablement pour empêcher les habitants de faire la fête avec les responsables en-cravatés à l’intérieur de l’enceinte de sécurité du chantier et de partager leur enthousiasme pour ce centre de police et de justice.
Une dizaine de jours plus tard, le 3 juillet, s’est tenue une autre sorte d’inauguration de ce même chantier : un transformateur alimentant le chantier en électricité, situé juste en dehors de l’enceinte de sécurité, a été incendié. Nous ne connaissons pas les motivations de cet acte, mais ce que nous savons de façon certaine, c’est que nous sommes nombreux à nous en réjouir : ceux qui se sentent trompés par la politique (de nombreuses promesses ont été tenues lors de la votation cantonale pour ce centre de police et de justice, comme en ce qui concerne la taille du bâtiment ou l’indemnisation de la surface de la caserne occupée par la police cantonale qui a été transformée en un parc public – un foutage de gueule en guise de promesse – qui étaient une des raisons pour lesquelles de nombreuses personnes ont donné des voix décisives pour ce projet et toutes ces annonces ont été peu de temps après relativisées voire retirées ; de plus, les récentes garanties vides ne changent rien à ce foutage de gueule sans nom) ; ceux qui sont conscients que ce projet s’inscrit dans un contexte de réévaluation du quartier alentour et qu’il n’y aura plus de place pour eux dans ce nouveau quartier prévu (restructurations, nouveaux immeubles, augmentation de loyers…) ; ceux qui ne supportent pas l’arrogance de ce nouveau projet (presque 600 millions de francs suisses, qui pourraient être utilisés pour d’autres choses) ; ceux qui se voient chaque jour contrôlés par les flics ou ceux qui ont tout simplement un problème avec l’existence de l’autorité, comme nous, anarchistes. La nouvelle de l’incendie sur le chantier du centre de police et de justice a fait l’effet d’un coup de tonnerre, a été évoquée partout, pas seulement à la une des différents journaux, mais aussi chez les gens, au travail, dans les bars avec les amis, etc… et nombreux sont ceux à avoir exprimer leur joie ou du moins leur approbation sur ces événements. Les protecteurs et promoteurs de ce projet savent au fond que c’est un colosse aux pieds d’argile. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la cérémonie d’inauguration mentionnée ci-dessus, à laquelle étaient présents, hormis quelques journalistes, seulement quelques politiciens, planificateurs du projet et deux entrepreneurs de la société de BTP « HRS » choisie pour réaliser ce chantier, protégés par un dispositif policier dans tout le secteur. Hormis la chasse ridicule au consensus dans ce quartier pilote, à travers la distribution d’une revue d’information « PJZ News », publiée par le service à l’urbanisme de la ville lui-même.
L’attaque incendiaire des containers et du transformateur, ayant provoquée le chômage technique et des dégâts matériels s’élevant à 200.000 francs suisses, est peut-être pas grand chose comparée à la monstruosité du projet de centre de police et de justice, mais elle a été capable d’humilier l’énorme dispositif de sécurisation du chantier et de révéler que de nombreuses personnes ne sont pas prêtes à accepter la construction de cette gigantesque forteresse de la flicaille zurichoise. Le chantier a été inauguré et la lutte contre ce projet en construction a également été inauguré à travers l’incendie de ce transformateur. Une chose semble évidente : les centre de police et de justice ne sera pas construit dans le calme et dans la résignation et qui sait si, un jour peut-être, quelqu’un ne retrouverait pas dans les ruines du centre de police et de justice la capsule témoin, enterrée le 22 juin dans les fondations.
[Traduit du journal anarchiste « Dissonanz » (Zürich), 20. Juli 2017 / Ausgabe Nr. 50]
*Markus Kägi (chef du chantier), Jacqueline Fehr (Ministre de la justice et de l’intérieur), Mario Fehr (Directeur à la sécurité du canton de Zurich), Hans-Rudolf Blöchlinger (Délégué au projet du PJZ), Martin Kull (directeur général et propriétaire de l’entreprise « HRS Real Estate AG ») et Rebecca Zuber (Directrice des opérations et propriétaire de l’entreprise HRS)