Berlin, Allemagne : Vague d’attaques contre les responsables de l’embourgeoisement des quartiers – 11 et 12 février 2019

[Une série d’attaques ont visé les responsables de l’embourgeoisement à Berlin les 11 et 12 février dernier, notamment en solidarité avec plusieurs centres sociaux et lieux d’auto-organisation menacés d’expulsion ces dernières semaines. Les cibles étaient claires: promoteurs immobiliers, espaces de co-working, nouveaux immeubles de logements du luxe, politiciens, flics… En voici une liste non-exhaustive, avec des extraits de communiqués].

Berlin, 12 février 2019 : attaque de Rent24 et de l’agence d’assurance Allianz.

« Dans la nuit du 11 au 12 février, les bureaux de Rent24 et de l’agence d’assurance Allianz ont été attaqués. L’action se dirige contre les expulsions locatives et la guerre au Kurdistan.  A l’aube du 12 février, l’espace de co-working de Rent24 et l’agence d’assurance Allianz de Kottbusser Damm ont été attaqués. Il existe bien assez de raisons pour cela : L’inauguration d’un café super chic et ultra-cher contribue d’un côté à expulser les petits commerces tenus par des migrants qui sont implantés dans Kreuzberg. D’un autre côté, le temps libre des travailleur.euse.s est toujours plus utilisé à une visée commerciale par le concept néolibérale « d’espaces de co-working ». […] Ainsi, Rent24 est clairement responsable de l’expulsion des centres auto-gérés de jeunes de Schöneberg Potse/Drugstore.

Pour sa part, la firme Allianz est impliquée dans les entreprises d’armements telle que Rheinmetall, avec des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros. Rheinmetall produit des armes pour le régime fasciste turque et soutient ainsi directement la guerre à Afrin. […] Peinture et vitres pétées pour celles et ceux qui font obstacle à une vie libre! »


Berlin, 12 février: Les acteurs de l’embourgeoisement « Studi-Living B.1 » et « herzBERLIN » attaqués

« Dans la nuit entre le 11 et le 12 février 2019, nous avons détruit aux marteaux et à la peinture le container de « Studi-Living B.1″/ « herzBERLIN » de la Tegelerstr/ Ecke Lynarstrasse à Wedding. Avec notre action, nous voulons envoyer un message de solidarité aux projets menacés comme le Liebig34, la Potse… […] Nous nous associons donc aux actions diverses des deux dernières nuits qui signifient qu’une seule chose : chaque tentative d’expulsion coûtera vraiment chère. Le projet « Studi-Living B.1 », c’est-à-dire « HerzBerlin » appartient à l’investisseur « Project Immobilien » et se met dans la lignée d’autres constructions de luxe comme le « Youniq », « Campus Viva 1+2 », « Studio B II », « Cresco Capital » de la Brunnenstraße, d’une réévaluation urbaine du quartier de Wedding, qui n’est pas totalement resté sans réaction (par exemple « Campus Viva II redécoré » [1]). Derrière le nom cynique « HerzBerlin » se cache le nouvel immeuble d’appartements en copropriété à des prix allant jusqu’à 699.000 euros et 120 studios meublés qui sont vendus pour 450.000 euros (à 35 euros le mètre carré), dont une bonne partie des gens du quartier ne peuvent pas payer. […] « HerzBerlin » symbolise un développement promu politiquement du quartier Wedding pour en faire un quartier de Start-Up cool et branché, où les pauvres, les SDF ou les bons à rien n’auront plus leur place […] Par notre attaque, nous voulons mettre des grains de sable dans les rouages de l’exploitation de nos vies et des quartiers. Des groupes autonomes. ».

NdT:

[1] Dans la nuit du 15 octobre 2018 à Berlin, la nouvelle résidence universitaire du « Campus Viva » aux 11-12 de la Koloniestraße a été décorée à l’extincteur rempli de peinture et s’est fait détruire quelques vitres. Le communiqué précise: « il s’agit d’un énième projet d’immeuble de logements, qui n’a pas été construit pour répondre d’urgence au besoin de logements à des prix accessibles et bon marché, mais plutôt pour tirer profit de la crise du logement qui s’envenime. Les studios meublés de ce nouvel immeubles sont vendus à des prix exorbitants à des investisseurs avec la promesse d’obtenir des bénéfices élevés […] ».


Berlin, 12 février : pour faire cauchemarder les responsables des expulsions locatives…

« Nous nous sommes inscrit-e-s dans la journée d’action nocturne dans tout Berlin et au-delà et rendu visite au nouvel immeuble de luxe au 36-38 Maybachufer.

Ce nouvel immeuble a déjà été la cible d’une intervention anarchiste pendant la toute première phase du chantier en décembre 2016 [1]. […] Nous chions sur cette ville de riches et votre prétendu « droit à la propriété » ! » signé « Les barbouilleur-euse-s de peinture autonomes ».

NdT:

[1] Dans un texte intitulé « Contre la ville des riches », les auteur.e.s détaillent quelques points pour entrer en lutte contre ce projet qui à l’époque en était à sa phase initiale. Situé au nord du quartier de Neukölln, ce nouvel immeuble pour bourgeois entre parfaitement dans la métamorphose du quartier au profit des riches, avec son lot d’épiceries et de boulangeries bio, ces bars à hipsters et appartements pour vacancier.e.s et autres RBNB.


Berlin, 11 février : Visite vandale chez Stephan von Dassel, maire des Verts de l’arrondissement de Mitte, qui remercie ses flics pour le nettoyage social du quartier

«Des ami.e.s de la vengeance (Friends of Revenge ») » revendiquent l’attaque des bureaux du maire des Verts von Dassel à l’aube du 11 février 2019. « Comme chaque année en Hiver la lutte contre les sans domiciles fixes se renforce à Berlin. Et comme toujours ce sont les mêmes acteurs qui se font un nom. L’un d’eux est Stephan von Dassel, maire Vert de l’arrondissement de Mitte. […] Les craintes de nouvelles violences contre les sans-abris se sont concrétisées, au moins une personne est morte de froid récemment. Cela réjouira les précurseurs du capital qui, non seulement passent leur temps à dévaluer les vies humaines, mais œuvrent en permanence à adapter leurs discours.

L’intervention des flics, des agents de l’ordre public [de la mairie] et des services de propreté de la BSR [1] le 9 janvier 2019 dans l’arrondissement de von Dassel ont plutôt provoqué le dégoût. Stephan von Dassel a été l’un des rares à féliciter les flics pour cette intervention.

Comme signe minimal de notre haine envers lui, nous avons détruit à coups de pierre les vitrines et la porte d’entrée du bureau de circonscription électorale du maire social-darwiniste des Verts, von Dassel, à Wedding, au petit matin du 11 février 2019. Salutations aux voisin.e.s solidaires qui ont accueilli notre intervention avec une indifférence bienveillante plutôt que d’appeler les flics tout de suite. Les Verts ne semblent pas avoir tant de potes que ça ici.

NdT :

[1] Pour « Berliner Stadtreinigungsbetriebe“ : services de propreté de la ville de Berlin.


Berlin, 11 février : attaque contre le siège de la firme Zalando

Dans la nuit du 11 février, nous avons attaqué le siège de Zalando de la Neuen Bahnhofstraße à Ostkreuz. Le verre brisé et la peinture signifie clairement qu’il ne s’agit en aucun cas, concernant cette entreprise, d’une start-up de proximité conviviale qui ne représente qu’elle-même. Cette action fait partie d’une série d’attaques de ces dernières nuits contre les acteurs/actrices des expulsions de logements.

Zalando s’implique bien davantage dans les procédures d’expulsions locatives. Ainsi, l’entreprise entrait en jeu pour devenir le principal gérant de ce qu’on appelle le Cuvry-Campus, dont les locataires ont été expulsé.e.s par la police en 2014. Zalando s’accapare toujours plus d’espaces commerciaux […] L’entreprise vient d’ailleurs d’ouvrir un nouveau QG juste à côté de la Mercedes-Benz-Arena, « contribuant à la ghettoïsation du quartier entre la Ostbahnhof et la Warschauerstraße. Au sein de cette jungle de béton où il n’est possible que de travailler et de consommer, des espaces de bureau sont créés pour qu’ils puissent se sentir « comme à la maison ». »


Berlin, 20 janvier : voiture personnelle d’un flic incendiée

« Elle assassine, torture, expulse. Le gang le plus répugnant et le plus méprisé du monde : la police.

Que ce soit la NSU 2.0, 3.0 ou 4.0*, que ce soit les flics anti-émeutes, les porcs en civil, les bâtards de la PJ ou les flics de la protection des biens et des personnes, tous suivent une logique qui place la liberté, la vie et l’amour derrière les profits des dominant.e.s.

Meurtres, tortures et menaces ne sont pas des cas isolés mais la terrible réalité dans chaque quartier. « Nous sommes aussi des humains », c’est le nom de leur campagne publicitaire, selon quoi être humain n’appartiendrait plus à ce qu’on appelle « le pendant de police ».

Nous avons vu les images de la femme SDF, à qui les flics ont foutu un sac sur sa tête.
Nous avons entendu vos discussions au sujet des nouvelles lois sur la police.
Nous en avons assez !

C’est pourquoi le 20 janvier 2019 nous avons incendié le véhicule privé d’un flic qui habite dans le quartier Lichtenberg à Berlin.

Le métier et la vie privée ne peuvent pas être séparés. Surtout pas quand le métier va à l’encontre de tout ce qui porte atteinte à l’humanité. […]

Brûlons toutes les prisons** !

Brûlons toutes la bagnoles de flics** !

Luttons contre l’État** ! »

Ndt :

* Fait référence au « National-Socialist Underground » un groupe néonazi qui a semé la terreur en réalisant des attentats contre des foyers d’immigrés et en assassinant de nombreuses personnes d’origine étrangère (turque pour la plupart) pendant de nombreuses années, toujours avec le soutien de la police allemande.

** En anglais dans le texte

[Traductions d’extraits de communiqués publiés sur Deutschland Indymedia]

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