[Contre la poubelle nucléaire à Bure] Bar-le-Duc, France : Explosion de rage au tribunal au moment du verdict – 19 mars

Dans l’après-midi de lundi 19 mars, trois personnes étaient appelées à comparaître devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc pour avoir résisté contre l’expulsion du Bois-Lejuc du 22 février dernier et l’intrusion armée des (500) gendarmes dans la Maison de la Résistance à Bure, lieu d’organisation (parmi d’autres) de la lutte contre la poubelle nucléaire. D’eux d’entre elles ont fait une déclaration lors de leur procès (voir en fin d’article), sous haute surveillance des gendarmes.

Une femme, qui a refusé de se lever, de décliner son identité et de s’exprimer, a été condamnée à trois mois de prison ferme et incarcérée. Le procureur Olivier Glady avait requis 10 mois de prison ferme dont 5 mois avec sursis et interdiction de séjour dans la Meuse. Elle est accusée d’avoir fait partie d’un groupe qui avait jeté des pierres, près du bois Lejuc, sur le véhicule d’un pépiniériste et de deux employés, ces trois personnes étant mandatées par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) qui porte le projet de stockage. Six autres personnes seront jugées pour ces faits ultérieurement.

La compagnonne Laura, qui était en détention provisoire depuis le 22 février, a, quant à elle, été condamnée à quatre mois de prison avec sursis pour rébellion lors d’une perquisition à la « maison de résistance », à Bure. Non assistée d’un avocat, elle a refusé de s’exprimer sur les faits.

Une autre personne, accusée d’avoir jeté un bidon d’essence enflammé en direction des gendarmes lors de l’expulsion, ce qu’il conteste, et d’avoir incendié le bivouac où il se trouvait, a été condamnée à huit mois de prison dont cinq avec sursis avec une interdiction de territoire en Meuse et en Haute-Marne: le rendu a été accueilli par de vives protestations de la centaine de personnes venue en soutien: Tags sur les murs (visant notamment le proc’), tableau jeté à terre, toilettes dégradées, chaises et bancs de la salle d’audience renversés, poubelle vidée de son contenu sur le sol, alarmes incendie déclenchées et un buste de Marianne, symbole de l’autorité de l’Etat, jeté à terre et brisé. Dès le début de l’audience, l’hostilité envers les journaflics était palpable: les journaleux de l’Est répugnant ont été dégagés manu-militari
Le prévenu a reconnu avoir donné un coup de pied à un militaire, puis craché sur un second « par dégoût et mépris » lors de son interpellation. « Je venais de perdre une partie de ma vie dans les flammes de cette cabane et dans les ruines de tous les lieux habités, rasés ce matin-là », a-t-il expliqué.

Les trois inculpé.e.s étaient également poursuivi.e.s pour avoir refusé de se soumettre au prélèvement ADN. Trois autres personnes, interpellées lors de la perquisition de la « maison de résistance », seront jugées le 12 juin pour outrages et – ou – rébellion sur agent dépositaire de l’autorité publique.


Ce Lundi 19 mars le théatre de l’injustice était en représentation une nouvelle fois à Bar, voici les declarations de deux copaines qui comparaissait ce jour , l’un-e pour « faits de rébellion et refus de se soumette aux opérations de relevés signalétiques commis lors de l’expulsion du bois Lejuc », l’autre pour « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction ou dégradations de biens » (si ça vous parait incompréhensible et ridicule c’est normal):

Déclaration de L. (condamné à 4 mois de prison avec sursis):

Mes amies, ma famille que j’affectionne,

Je me sens détachée de toute identité, n’en déplaise au procureur et à son « dieu »,je suis un être multiforme et une réalité complexe et donc irréductible à cet artifice.

Comme vous le savez la racine du mot a donné aussi idem, identique. Aucune identité ne peut me figer car je suis une réalité vivante et mouvante. INDISCERNABLE.

Je ne me defends pas aux yeux d’une institution dont je rejette l’autorité. Sur 1 acte, j’affine mes perceptions en me référant à mes propres critères, à mon vécu, à mon sens critique.

On se retrouve réunies ici (et je pense ne pas me tromper en disant ça) parce qu’on est à la recherche permanente de source de joie et de beauté.

Parce qu’on nourrit un lien intelligent, sensible et subtil au monde.

Et quand ce rapport est brutal, insensé, c’est un amas d’immonde, qu’on s’acharne à étaler.

Nos corps tiennent en cage uniquement par coercition.

Comme a dit Ibn Arabî , bien avant les premières chasses massives aux errants et aux sorcières,

« Sois toujours en vol, ne te choisis pas de nid determiné, car c’est au nid que l’on capture l’oiseau »

Quoiqu’il arrive, on continuera à partager du pain avec les compagnon-nes à plumes.

 

Déclaration de Cristal Antem (condamné à 3 mois de prison ferme):

Je suis CRISTAL ANTEM, CRYZ pour les intimes. Je n’ai pas d’autres identité à donner.

Je ne représente personne si ce n’est moi-même. Rien ni personne ne me réprésente.

On va me demander si je souhaite être jugé aujourd’hui. OK, faites. Mais je ne participerais pas au procès.

Je rejette les codes/normes/règles/rôles du spectacle. Je ne serais ni acteur/collaborateur – ni martyr/victime – ni coupable/innocent.

J’espère que mes amis comprendront que je fais ce choix pour restez moi – même. Qu’iels ne m’en voudront pas pour cette absence imprévu et sûrement trop longue.

Je ne me soumettrai pas moi-même au contrôle de l’Etat.

Je refuse de me défendre.

Cette déclaration fuit suivi du refrain d’une chanson reprise par la salle malgrès les injonctions du juge au silence et Cristal a été sorti de la salle à ce moment en continuant à chanter , la salle a continuer à fredonner la chanson après sa sorti! « Ça ne vaut pas la peine… »

Voici le lien (le refrain chanté dans la salle dure de 1:04 à 1:44).

Cristal ferait donc sa peine de prison sans avoir donné son identité!

Cristal a souhaité rendre son numéro d’écrou publique si vous souhaitait lui envoyer des lettres ou lui rendre visite! (ça permettra pour ielle que le temps soit moi long en prison et lui rechauffera le coeur)

Cristal Antem
n°ecrou: 14341

Centre pénitentiaire Nancy-Maxéville
300 rue de l’Abbé Haltebourg
54320 Maxéville

[Publié sur vmc.camp, 21 mars 2018]

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