Chili : Un regard anarchiste sur le contexte de révolte et de répression (partie II) – 18 décembre 2019

Cela fait déjà plus d’un mois que nous avons diffusé la première partie de ce texte, partageant des informations et des réflexions anarchistes sur le contexte chilien depuis le début de la dite «explosion sociale», déclenchée le 18 octobre.

Le texte antérieur allait jusqu’à la veille de la grande manifestation dans le centre-ville [de Santiago], annoncée pour le vendredi 25 octobre.

Entre-temps, beaucoup de choses se sont passées qui pourraient être exposées de manière détaillée, cependant nous avons sélectionné certains éléments et réflexions qui nous semblent significatifs à diffuser, sachant que d’autres compagnon-ne-s ont aussi contribué à relever et à faire circuler les informations sur ce qui se passe sur ces terres en révolte.

Nous espérons que ces mots lancés en direction de nos compagnon-ne-s de toutes parts puissent à nouveau contribuer à propager une fois encore des expériences et des réflexions pouvant se répandre dans les langues les plus diverses et sous les latitudes où s’exprime l’anarchie :

1. L’ÉCHEC DE LA TENTATIVE DE PACIFIER LA RÉVOLTE

Avec plus d’un million et demi de personnes dans le centre de la ville de Santiago, la «marche la plus grande de lhistoire» auto-convoquée a rassemblé le vendredi 25 octobre toute la diversité des personnes en lutte. Avec une participation presque inexistante des partis politiques de gauche et sans aucune sorte de capacité de menace provenant des groupes fascistes, toutes les formes de manifestation se sont déployées jusque tard dans la nuit, malgré la restriction du couvre-feu, et en incluant une fois de plus d’intenses émeutes et affrontements avec la répression, dans le centre et les périphéries de Santiago et d’autres villes.

Tandis que la répression faisait son travail en propageant et en intensifiant ses formes de violence, le gouvernement et les médias ont tenté d’imposer l’idée que cette marche serait le point culminant d’un processus au cours duquel les gens avaient établi leurs revendications, et qu’il était maintenant enfin temps de «revenir à la paix». Cette nuit là, les chaînes de télévision ont conclu les transmissions conjointes commencées le 18 octobre et, après la campagne de blanchiment d’image des militaires, le gouvernement a retiré les troupes des rues dans les jours qui ont suivi. Puis, le samedi 26 et le dimanche 27 octobre, la fin du couvre-feu a été décrétée, à Santiago comme dans d’autres villes du pays.

Le pouvoir a joué toutes ses cartes sur un retour à la normalité pour le lundi 28 octobre, mais la réalité a démontré quelque chose de complètement différent et peut-être surprenant : des milliers de personnes sont ressorties dans les rues, en occupant le centre de la ville avec des concerts de casseroles, des banderoles, des interventions urbaines, des émeutes et des heurts contre la police, sous le slogan «il n’y aura pas de retour à la normali». Le pouvoir avait perdu une nouvelle partie contre le mécontentement, la protestation et le chaos généralisé, et une nouvelle phase de l’explosion a commencé à prendre forme à partir de ce moment.

2. CONTINUITÉ DES MANIFESTATIONS ET DES ÉMEUTES

Au fil des jours, les villes deviennent le cadre dans lequel le retour progressif «à la normali» du travail, du commerce et du système de transport coexiste et le dispute à la continuité des appels à manifester, des émeutes et des espaces d’auto-organisation dans des quartiers par le biais d’assemblées territoriales et autres espaces de rencontres et de participation politique.

Depuis le lundi 28 octobre, trois ou quatre journées de protestations massives et intenses commencent à se dérouler chaque semaine, principalement dans le centre de Santiago. Le palais gouvernemental a été d’abord fermé par la police, et des émeutes se sont déployées durant plusieurs jours dans ce périmètre délimité. Par la suite, face au siège répressif autour du palais du gouvernement, les protestations ont continué à s’auto-convoquer dans le secteur de Plaza Italia, lieu emblématique du centre-ville rebaptisé «Place de la Dignité» par les manifestant-e-s. Les affrontements avec la police, les barricades, les pillages et les attaques contre des locaux d’État et d’entreprises se sont aussi déplacés vers là-bas.

Dans d’autres régions du pays, les protestations se sont également poursuivies, avec la présence de tous types de manifestant-e-s commençant à exprimer de la gratitude et à remercier les encapuchonné-e-s de la dite «première ligne», l’idée s’installe que ceux et celles-ci sont prêt-e-s à risquer leur vie et leur intégrité pour permettre aux autres personnes de manifester. Cette idée s’est maintenue jusqu’à présent, parallèlelement à l’avancée de la répression, à la désapprobation croissante envers le gouvernement et au discrédit massif des médias.

3. DISPOSITIFS DE RÉPRESSION MASSIVE ET SÉLECTIVE

Avec le retrait des militaires des rues, la police en uniforme et en civil a été la force répressive en charge d’attaquer la révolte en cours. Certaines des méthodes et des instruments utilisés pour la répression massive et sélective ont été les suivants :

– Tirs directs de LBD et de grenades lacrymogènes contre le corps des manifestant-e-s, se concentrant sur la zone de la tête et des yeux, et faisant un grand nombre de blessé-e-s, avec différents degrés de dommages faciaux, crâniens et occulaires, y compris des pertes totales des yeux et de la vue. Jusqu’à maintenant, on a comptabilisé plus de 20 manifestant-e-s mort-e-s et plus de 200 personnes avec de graves blessures occulaires, dont le cas particulièrement significatif de l’étudiant Gustavo Gatica, qui a perdu complètement la vue suite à une attaque policière contre ses yeux.
– Intoxication et brûlures dues aux agents chimiques présents dans les gaz lacrymogènes et dans le liquide des canons à eau.
– Matraquages et coups de toute sorte contre des adultes et des mineur-e-s, en plus d’agressions contre des personnes et des animaux vivant dans la rue.
– Arrestations avec des agressions physiques et psychologiques contre tout type de manifestant-e-s, y compris des agressions sexuelles de diverses sortes, principalement contre des femmes et des personnes de genres non binaires.
– Simulations d’exécutions par balles contre des personnes arrêtées.
– Utilisation de drones, de véhícules et d’agents en civil pour fouiller, suivre et arrêter les personnes identifiées comme responsables d’émeutes.
– Agressions et arrestations de personnes n’étant pas en train de participer activement aux manifestations, y compris de volontaires accomplissant des tâches autonomes et solidaires de premiers secours pour aider celles et ceux qui protestent. On peut citer comme exemple de ce qui précède le cas d’Abel Acuña, manifestant qui, le vendredi 15 novembre, a perdu la vie sur la place de la Dignité du fait de ne pas avoir pu être correctement pris en charge, suite à l’attaque directe de la répression contre l’équipe de premiers secours qui tentait de le réanimer. Il y aussi le cas de Fabiola Campillai, qui a perdu ses deux yeux et est restée avec une fracture crânienne à cause de l’impact d’une grenade lacrymogène qu’au cours d’émeutes la police lui a lancée en plein visage, alors qu’elle se rendait à son travail.
– Acquisition et utilisation de nouveaux instruments répressifs, ainsi que dépenses de millions pour l’achat de nouveaux véhícules de police, de gaz hautement toxiques pouvant causer des vomissements et la perte de contrôle du sphincter, de LBD qui tirent du verre pilé, de grenades incapacitantes et d’instruments à impact sonore unidirectionnel, à même de produire des étourdissements et un traumatisme acoustique temporel ou permanent chez les personnes frappées par un choc sonore capable de faire éclater l’appareil auditif humain.
– On a relevé des cas de répression sélective contre des manifestant-e-s, des dirigeant-e-s d’organisations sociales, étudiantes et de droits humains, sous la forme de menaces de mort, d’arrestations dans des lieux publics et résidentiels, en plus d’agressions, de traitements dégradants et d’interrogatoires avec des menaces et des tortures de toute sorte. À propos de cette situation, on peut mentionner l’existence de témoignages et d’enregistrements audiovisuels qui, le jeudi 21 novembre, ont dénoncé l’utilisation d’un centre commercial pillé comme lieu secret de détention et de tortures dans la commune de Quilicura, où la police gardait des personnes arrêtées qui ont été frappées, obligées à exalter la figure des policiers, avant d’être remises en liberté au milieu de la nuit, et complètement nues.

Il est aussi question d’un jeune étudiant de la ville d’Antofagasta qui, le 06 novembre, a signalé avoir été intercepté la nuit précédente par une camionnette rouge avec des policiers en civil à son bord, qui ont tenté de l’embarquer pour contrôler son identité. Face au refus du jeune de se laisser arrêter, ils lui ont appliqué une décharge électrique sur le torse, pour ensuite l’emmener dans des locaux clandestins, où il a pu voir d’autres personnes arrêtées et frappées, tandis qu’on le torturait en lui insérant des aiguilles sous les ongles et en exigeant qu’il livre des informations sur des personnes et des organisations présentes lors de la manifestation.

Pour perpétuer et couvrir ces actes répressifs, la police, le gouvernement et la presse ont continué à défendre et à soutenir inconditionnellement les agissements des flics. En parfaite coordination, les autorités policières, les membres du gouvernement, les journalistes et d’autres personnages médiatiques au service du pouvoir, se sont chargés de soutenir la thèse selon laquelle les polices seraient dépassées par les activités délictuelles des vandales, tout en censurant l’information et les images de la répression. La stratégie du pouvoir a aussi consisté à remettre en cause et à nier la véracité des rapports élaborés par divers organismes non gouvernementaux qui pointent l’existence de méthodes systématiques de répression portant atteinte à l’intégrité des personnes, et visant à traumatiser le corps qui proteste. En ne reconnaissant pas ces rapports, le pouvoir protège les agents de la répression et leur assure une promesse d’impunité.

4. INITIATIVES INSTITUTIONNELLES : RÉFORMISME ET RÉPRESSION POUR REVENIR À LA NORMALI

La nuit du jeudi 14 novembre, des représentant-e-s de presque tous les partis politiques présents au Congrès se sont réuni-e-s au parlement pour discuter d’une issue institutionnelle à la demande d’une nouvelle constitution, tentant ainsi de désamorcer la révolte par une sortie réformiste. À une heure avancée du matin, il a été communiqué qu’un accord avait été trouvé sur l’organisation d’un référendum national pour le mois d’avril 2020, pour décider par le vote de l’élaboration ou non d’une nouvelle constitution politique, et en finir avec celle toujours en vigueur depuis la dictature de Pinochet. Si l’option d’une nouvelle constitution l’emporte, un autre référendum serait organisé pour décider de ses modalités.

Une possibilité serait ce qu’ils ont appelé une «Convention Mixte Constituante», composée de membres du Parlement ainsi que de délégués spéciaux, élu-e-s pour participer au procesus d’élaboration d’une nouvelle constitution. L’autre option serait ce qu’ils ont choisi de qualifier de «Convention Nationale Constituante», à laquelle ne participeraient pas de membres du Parlement, mais uniquement des délégué-e-s élu-e-s par suffrage pour rédiger un nouveau document constitutionnel. Cette seconde option serait la plus proche de la revendication d’assemblée constituante portée par un secteur important de personnes mobilisées, qui considèrent la constitution actuelle comme un problème structurel à résoudre.

En parallèle, l’État, la presse et des analystes politiques affidés au pouvoir, ont assuré la continuité du discours sur l’ennemi intérieur, braquant le projecteur médiatique sur la figure des pillard-e-s, et avançant l’idée que ce seraient des délinquants liés au trafic de drogues et à l’anarchisme. Ainsi, on tente une fois de plus de criminaliser la protestation et d’établir un consensus avec la population qui défend la protestation mais condamne les pillages, sous prétexte qu’ils «alimentent une image négative du mouvement», stratégie qui cherche – et dans une certaine mesure parvient – à générer au moins un point de division qui profite au pouvoir.

Le 28 novembre, quelques jours après l’accord parlementaire sur le référendum constitutionnel, le Parlement approuve aussi le fait de donner une suite législative aux projets présentés par le président Sebastián Piñera, correspondant à des lois anti-émeutes, anti-capuches, anti-pillages et anti-barricades, visant à punir plus durement les expressions radicales de la protestation et à propager la peur chez celles et ceux qui manifestent dans la rue. À cela vient s’ajouter un autre projet destiné à pouvoir mettre les militaires dans la rue sans nécessité de décréter l’«état d’urgence», avec le prétexte d’assurer la garde des «infrastructures stratégiques», lesquelles en pratique, selon le gouvernement et les défenseurs de la proposition, correspondraient par exemple à des stations de métro, des centrales électriques et des bâtiments gouvernementaux.

Ces tendances répressives ont été rejointes par des groupes de personnes opposées aux manifestations et qui, depuis des semaines, s’organisent dans différentes villes pour protéger des locaux commerciaux, nettoyer les rues, et aussi attaquer les manifestant-e-s, en groupe ou individuellement, comme cela s’est produit le 10 novembre dans la ville de Viña del Mar, où un fanatique néolibéral de droite d’origine étatsunienne a tiré contre un groupe de personnes participant à la protestation. Parmi ces personnes qui collaborent avec le pouvoir, on compte des fascistes convaincus jusqu’à des citoyens de «classe moyenne» et des bourgeois de tout poil avec un discours de «paix», ils sont généralement protégés par la police.

Ce qui est certain, c’est que depuis le 18 octobre, on a déjà comptabilisé plus de 35.000 personnes arrêtées dans le contexte des protestations, 2.537 d’entre elles ont été placées en prison préventive, accusées de vandalisme et d’incendie contre des stations de métro, d’attaques avec des cocktails molotov pendant des émeutes, entre autres charges. Une coordination de solidarité avec ces prisonnier-e-s est en train de se mettre en place, les revendiquant comme prisonnier-e-s politiques de la révolte.

5. NOUVEAUX ÉLÉMENTS POUR LE COMBAT DE RUE

Depuis le 18 octobre et jusqu’à présent, on compte 107 attaques contre des casernes de police par des manifestant-e-s. À cela s’ajoute l’impact des interventions de rue réalisées par des milliers de femmes, dans les manifestations et devant des bâtiments gouvernementaux ou de police, pour dénoncer la violence politique et sexuelle de l’État et de sa répression.

Au fil des semaines, des appels commencent à être lancés à Santiago pour déplacer les protestations du centre de la ville vers les secteurs aisés du dit «quartier haut», situé à l’ouest de la Place de la Dignité. Cela y donne lieu à des émeutes, des pillages et des attaques contre des sièges de partis politiques de droite, des locaux commerciaux et des bureaux d’entreprises, en plus de heurts contre la police et les citoyens défenseurs de la paix des puissants.

Un autre élément important a été la réponse face à la répression. D’une part, les agissements répressifs ont rendu récurrent et indispensable l’usage massif de masques pour se protéger des gaz lacrymogènes et de lunettes de protection face aux tirs en continu de la police visant les yeux des manifestant-e-s. L’utilisation de boucliers pour se protéger des balles en plomb et en caoutchouc, ainsi que des grenades lacrymogènes, a été une autre innovation nécessaire pour donner la possibilité d’agir à celles et ceux qui luttent en première ligne en s’affrontant aux agents de la répression, ceux-ci étant à leur tour harcelés en permanence par les rayons laser de manifestant-e-s qui les éblouissent à distance, entravant leurs agissements et facilitant l’identification des esquadrons anti-émeutes en pleine obscurité. Au milieu de tout cela, des groupes de premiers secours médicaux portent assistance aux manifestant-e-s blessé-e-s, tandis que d’autres individualités solidaires aident les personnes affectées par les gaz toxiques et approvisionnent en nourriture les encapuchonné-e-s de la première ligne. Des conseils anti-répression tournent aussi par le bouche à oreille et massivement sur les réseaux sociaux, moyen de communication qui a servi à la police pour identifier des manifestant-e-s, mais qui a aussi joué un rôle important dans la viralisation d’informations sur les agissements répressifs et sur les appels à des protestations massives et des activités territoriales.

6. RIEN N’EST FINI

À partir de la joie révolutionnaire de partíciper au devenir chaotique sur un territoire en soulèvement, nous envoyons des signaux de combat, en ces moments où le soutien mutuel, le prendre soin autonome, l’agitation et l’action sont les instruments qui aident à propager l’anarchie ici et maintenant.

Nous savons que l’histoire démontre que les scénarios de révolte et d’intensification du conflit contre l’ordre en vigueur sont généralement plus ou moins cycliques dans leurs avancées et leurs reculs, mais nous savons aussi que ces soulèvements sont possibles, nécessaires, et que leur force réside dans la participation directe et généralisée d’individu-e-s qui rompent en idée et en action avec l’ordre établi.

C’est pourquoi nous rejetons l’idéalisation romantique de la révolte, tout comme nous contestons avec force toute position posant comme une vérité indiscutable la thèse selon laquelle la propagation chaotique des émeutes aurait avant tout été un plan orquestré par le pouvoir.

Ce qui en revanche est certain, c’est que malgré tous leurs efforts, le pouvoir et sa répression n’ont pu arrêter ni la subversion des consciences, des lieux communs collectifs, ni l’utilisation de la rue comme espace de combat et de conflit contre le régime d’oppression.

Sur ces terres se vit un quotidien de forte mobilisation, accompagnée d’éléments qui génèrent des tensions et des émotions de toute sorte, de la fatigue, l’épuisement, la rage et la peur, à la joie, au compagnonnage, au courage et aux envies de continuer à lutter toujours plus et mieux, avec nos affinités et celles et ceux avec qui nous interagissons dans la multiformité de la révolte.

S’il est quelque chose dont nous ne doutons pas, c’est que cette faille qui s’est ouverte dans le régime néolibéral chilien a donné lieu à un contexte qui combine de multiples éléments du passé, du présent post-moderne, et du futur de la guerre historique entre celles et ceux qui ont le pouvoir et celles et ceux qui se rebellent contre l’oppression.

À ce jour, ce genre de scénarios de révolte ont été, et sont encore, expérimentés par des compagnon-ne-s aux quatre coins du monde. Leurs expériences vécues et leurs apprentissages alimenteront sûrement nos réflexions, tout comme chaque geste de solidarité matérialisé en mot et en action avive déjà notre esprit.

PARCE QUE L’ICI ET LE MAINTENANT SONT LE MEILLEUR SCÉNARIO POUR LANARCHIE ET LA LIBERTÉ

CONTINUONS À LUTTER POUR COMBATTRE ET ÉCRASER PARTOUT LE CAPITALISME ET TOUTE FORME DAUTORI

Chili, 18 décembre 2019

[Traduction de l’espagnol de La Rebellion de las Palabras reçue par mail]

Ce contenu a été publié dans ACAB, Actions directes, Répression, solidarité, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.