Publication : Critiques anti-autoritaires du syndicalisme

Voici une petite compilation de textes critiques du syndicalisme, à toute fin utile. Elle sera peut-être amenée à s’épaissir plus tard.


En 2010, contre une réforme des retraites, l’Intersyndicale de Caen organise des simulacres de blocage négociés en amont avec la Pref. Les marchandises sont déjà parties, les patrons étant déjà au courant. Les feux de palettes sont d’abord là pour la photo. Et quand les camions de transport sont bloqués, les bureaucrates syndicaux tentent de les faire partir dans la nuit, parfois empêchés par des syndicalistes de base. Une assemblée de lutte réunissant une centaine d’individus d’horizons différents tente de déborder ces blocages, se retrouvant parfois bien seuls face aux flics, mais contribuant davantage à durcir le mouvement que les manifs à 40.000. Parmi bien d’autres initiatives, des tubes passent de mains en mains pour faire péter les valves des camions citernes.

La critique du syndicalisme est une critique nécessaire pour toute personne qui souhaite s’opposer à l’ordre existant. C’est pourquoi il m’a paru bon de raviver ces dangereuses pensées à travers plusieurs textes de différentes époques, depuis le début du 20ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Le syndicat transforme l’imagination en certitudes, l’égalité en hiérarchie, la recherche de la qualité en priorisation de la quantité, la libre association en discipline de parti, la révolte sans concessions en stratégies des petits pas. Il n’y a pas de luttes réelles sans débordements des syndicats. Il n’y a pas de luttes révolutionnaires sans dépassement des syndicats – dont le rôle de maintien de l’ordre est connu depuis longtemps. Même un syndicat comme Solidaires, plus conflictuel et moins bureaucratique, reste un syndicalisme classique avec ses délégués syndicaux, ses accords avec le patronat et sa section au Ministère de l’Intérieur pour les personnes qui font tourner cette machine de la répression.

L’actualité nous offre un bon exemple d’une révolte sans leaders ni partis : des pans entiers de leur monde d’exploitation et d’oppression sont détruits au Chili en cette fin d’année 2019. Les syndicats, dépassés par les évènements, n’ont pas eu le choix de suivre, poussés par leurs bases. Mais les grèves générales d’un jour sont appelées pour pacifier la révolte et remettre le soulèvement dans un cadre plus acceptable. D’ailleurs, les bureaucrates syndicaux y font des appels répétés à ‘’la paix sociale’’ tout en négociant avec le gouvernement sur le dos d’une lutte autonome. Du classique que les feux de la révolte peuvent rendre inopérants, pourvus qu’ils s’étendent en multipliant les foyers d’auto-organisation, depuis le groupe affinitaire jusqu’aux assemblées de lutte. Si grève il doit y avoir, qu’elle soit insurrectionnelle et expropriatrice, et toujours sans dieux ni maîtres.

Décembre 2019

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