Du Lycée à la caserne …

L’école, quelle qu’elle soit, fait contracter l’habitude de la soumission servile, de l’humilité. On peut résumer son rôle en un mot: elle prépare à l’armée.

Georges Darien.

… On est lycéen, on apprend à la fermer, puis c’est l’armée et hop! tais-toi ou c’est le gnouf, puis c’est le travail: tais-toi ou on te vire, enfin le cimetière où on la ferme à tout jamais…

L’armée fait peur, non pas à un hypothétique ennemi mais à tous ceux qui en France ont l’âge d’être incorporés, c’est-à-dire emprisonnés.

QU’EST-CE QUE L’ARMEE ?

De par ses structures, l’armée se présente comme une formidable entreprise de dépersonnalisationet de conditionnement de l’individu.

Quelles sont ses méthodes ?

  • l’humiliation: rasage du crâne, obéissance absolue au supérieur, punitions (taule et suppression des perms), corvées, brimades.
  • dépersonnalisation: port de l’uniforme, obligation d’une vie collective, confiscation des affaires personnelles, négation de toute dignité, conformisme total.
  • abrutissement: conditionnement des attitudes (saluer le chef, le drapeau), discipline draconienne (obéir et s’écraser), bourrage de crâne (apologie du sacrifice à la patrie, à l’autorité, désir d’inculquer les notions d’honneur, de respect, de soumission…).

Quels buts vise ce lavage de cerveaux ?

RÔLE DE L’ARMEE

L’armée n’est qu’un instrument aux mains de l’Etat, lui-même au service d’une classe sociale, qu’elle soit nobiliaire, bourgeoise ou bureaucratique. Aujourd’hui en France, la bourgeoisie qui détient le Pouvoir a besoin pour survivre de robots dociles; la fabrication de ces robots commence dans la famille, se poursuit à l’école, se parachève à l’armée. Cette dernière doit livrer à la société des individus conformes à ses besoins, c’est-à-dire soumis et rentables, qui obéiront au patron comme ils obéissaient à l’adjudant, sans se poser de questions.

L’armée est chargée de mater les « fortes têtes », ceux qui au sortir du lycée ou de l’université ne sont pas soumis, résignés, prêts à s’intégrer. La preuve c’est que le sursis a été supprimé (les jeunes sont plus malléables à 18 ans qu’à 25) et que les moins de 21 ans ayant fait leur service ont droit de voter.

Par ailleurs, elle est le principal support de l’Etat et de la classe dirigeante qui, sans armée, ne pourraient subsister. Il en est de même pour tous les Etats quel que soit leur idéologie. L’armée a été dressée moins à défendre le pays contre les ennemis du dehors qu’à soutenir le gouvernement à l’intérieur contre ceux qu’il nomme les éternels ennemis de l’ordre. En temps de paix, l’armée a un rôle économique, notamment en brisant les grèves.

De plus en plus nombreux sont ceux qui, conscients du véritable rôle de l’armée, la combattent.

LES LUTTES ANTIMILITARISTES

La propagande antimilitariste s’amplifie: articles dans la presse anarchiste, meetings, manifestations au cours desquelles des livrets militaires ont été brûlés. Tout cela malgré une répression chaque jour plus féroce: poursuites contre des journaux (exp « Fais-pas-le-zouave »), interdiction de meetings, manifestations dispersées, arrestations massives…

A l’intérieur de l’armée les cas de révoltes, de sabotage, de refus d’obéir se multiplient.

Mais pour nous, anarchistes, tout en soutenant évidemment toutes les luttes à l’intérieur de l’armée, la solution au militarisme est surtout le refus d’y participer.

LE REFUS DE L’ARMEE

Il se manifeste sous différentes formes et revête diverses significations:

  • L’OBJECTION DE CONSCIENCE est le mode de refus le plus répandu, accordé pour des raisons philosophiques ou religieuses; il y a actuellement 100 demandes par mois pour l’obtention du statut qui a été accordé en 1963. Le Pouvoir a été contraint de le reconnaître à la suite du combat mené alors par Louis Lecoin, qui a 74 ans a entamé une grève de la faim avec l’intention de la poursuivre jusqu’à la mort si le statut n’était pas accordé, ce qui fut fait au bout de 22 jours de jeûne.
  • L’objection politique, qui n’est pas reconnue et se traduit par un emprisonnement est un acte plus radical mettant directement en cause le rôle de l’armée. Signalons aussi d’autres formes de refus qui se généralisent: le refus d’obéissance, l’insoumission, la désertion. […]

Cependant, il est clair pour nous que le refus du service militaire est étroitement lié au refus de l’armée, instrument du pouvoir d’Etat.

Il est clair que par son contenu radical, le mouvement actuel dans les C.E.T., lycées, facultés, dans toute la jeunesse, s’associe au combat des couches laborieuses contre le pouvoir capitaliste.

Etudiants, lycéens, travailleurs, tous unis contre le capital !

Non au service militaire et à l’armée de métier !

Soutien aux objecteurs, insoumis et déserteurs.

A BAS L’ECOLE DES FLICS ET DES PATRONS !

[« Le Révolté – Journal lycéen, autonome et libertaire d’Albi, n°2, janvier 1972]

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